Mon Zéro Déchet au temps du coronavirus
Quelle étrange année nous vivons là... Je dois bien avouer que j'ai mis beaucoup de temps avant de me poser devant mon ordinateur pour rédiger ce billet. Ces derniers mois, je suis passée par toute une palette d'émotions et j'ai encore un peu de mal à retrouver la motivation pour écrire ici en ce moment.
En mars, au début du confinement, j'ai d'abord eu envie de partager mon petit quotidien de confinée zéro déchet sur les réseaux sociaux. J'ai été super active sur mon compte Instagram (qui est devenu mon "canal" de partage préféré ces derniers temps). Mais aller sur les réseaux sociaux pour partager, c'est aussi passer beaucoup de temps à écouter et lire ce que les autres partagent. Au bout de quelques semaines, j'ai ressenti un véritable "trop-plein" d'informations. Et puis il y a toujours des comptes qui disent les choses de façon plus intéressante, qui font de plus belles photos, qui sont plus engagés, plus militants, et des sujets qui semblent plus importants à traiter. Bref, il y a un moment où je me suis un peu dit... Mais qu'est-ce que je fais là moi ? Ai-je envie de continuer à partager mon petit quotidien "zéro déchet" ? En pleine pandémie ? A quoi bon, à quoi ça sert tout ça ?
Bon, je ne suis pas certaine d'avoir vraiment des réponses à ces questions, mais le fait est que je continue d'évoluer dans ma démarche, qu'elle soit zéro déchet ou plus globale. Et je pense que je suis loin d'être la seule et que nous sommes un sacré paquet à nous poser la question de notre place dans... TOUT ÇA (ouais je sais, c'est... vaste !!).
Bref, aujourd'hui, j'avais envie de vous raconter ce que le coronavirus et le confinement ont changé dans nos habitudes, les "stratégies" que nous avons mises en place au niveau zéro déchet, et de manière plus globale, ce qui a changé depuis (ou pas) dans notre façon de vivre au quotidien.
Les courses zéro déchet pendant le confinement
Ce qui n'a pas changé
- Nous avons continué à recevoir notre panier de légumes bio, local et de saison toutes les semaines. Il était livré chez notre boulanger. Je sortais donc une fois par semaine de chez moi pour faire le plein de légumes et de pain.
- Nous n'allions quasiment jamais dans les supermarchés en temps normal. Nous n'y avons pas mis les pieds une seule fois pendant le confinement. Pas une fois. Et ça ne nous a pas manqué. Pas une fois.
- Pour tous les produits que je n'arrivais à trouver nulle part ailleurs, je suis passée par Chronodrive, un drive sur lequel nous faisions déjà occasionnellement nos courses car il se situe juste à côté du boulot de mon chéri. Comme toujours lorsque je fais mes courses sur un drive "conventionnel", je fais attention à choisir si possible des produits emballés dans des contenants en verre, métal ou carton plutôt qu'en plastique. Pour ne faire qu'un seul déplacement par semaine, je couplais mes courses au drive avec ma sortie pour aller chercher mon panier de légumes .
Ce qui a changé
- Pour nos courses en vrac (farine - haha, la fameuse, pâtes - haha, les fameuses, légumineuses, sucre, etc.), j'ai arrêté d'aller en centre-ville dans mes petites épiceries habituelles (pardon les filles) car je ne me sentais pas du tout à l'aise à l'idée de prendre le bus (c'est encore aujourd'hui le cas, j'avoue). J'ai donc commencé à faire mes courses dans un drive Zéro déchet, le Drive du Bon Sens, qui venait tout juste d'ouvrir (bon timing les copains !). Ce drive fonctionne avec un système de bocaux consignés, et il apporte un soin particulier au choix des produits proposés : local, et dès que possible, bio.
- Pour tous les produits frais (beurre, crème, charcuterie) et le complément en légumes, nous allions deux à trois fois par mois soit au marché ("grâce" au confinement, nous étions chez nous tous les week-ends, ce qui n'arrive jamais en temps normal), soit auprès des producteurs locaux de La Ruche Qui Dit Oui.
Un petit mot concernant La Ruche Qui Dit Oui. J'avais personnellement arrêté de commander des produits auprès de ma ruche depuis 2-3 ans car je trouvais qu'il y avait encore un peu trop d'emballages à mon goût. Mais j'ai vraiment apprécié le fait d'avoir des producteurs pas loin de chez moi, et une "ruche" au top, qui a vraiment mis les bouchées doubles (triples) pour assurer la liaison entre les producteurs et les consommateurs, même au plus fort de la crise (well done Chloé!). Alors tant pis, ça a fait un peu plus de plastique dans ma poubelle à la fin du mois, mais j'ai fait vivre des gens près de chez moi en les soutenant économiquement, et ils m'ont fait vivre en me fournissant de quoi me nourrir. Bref, j'ai conscience que ce n'est pas parfait car il y a encore un intermédiaire et que celui-ci prend une marge conséquente qui pèse sur les producteurs, mais cela m'a donné une piqûre de rappel : que ce soit sur les marchés, via les AMAP ou les regroupements de producteurs, VIVE LE LOCAL !!
Bilan poubelle
Au niveau de notre bilan "poubelle", nous sommes désormais mi-Septembre, et nous avons jeté l'équivalent de 4 kilos de déchets depuis le début de l'année. C'est normalement ce que nous produisons comme déchets en un an. En faisant un calcul rapide, cela signifie qu'en 2020, nous allons générer environ 5,3 kilos de déchets. C'est un peu plus que d'habitude, mais cela montre que même en plein confinement, alors que le Zéro Déchet n'était clairement pas notre priorité et que nous avions des contraintes totalement inédites, nous avons finalement généré peu de déchets plastiques supplémentaires. En revanche, je ne les ai pas pesés, mais nous avons acheté beaucoup plus de bocaux en verre que d'habitude. Pour le moment, je les stocke pour pouvoir les apporter à mes épiceries de vrac chéries... Quand j'aurais trouvé le courage de revenir en centre-ville en bus... Un jour...
En quoi le Zéro Déchet nous a permis d'aborder cette période sereinement
Je me rends compte à quel point je me suis sentie "confiante" pendant cette période grâce aux presque 5 ans de Zéro Déchet que nous avons derrière nous. Pourquoi ? Parce que nous étions déjà habitués à penser "outside the box", à ne pas être dans les clous... Du coup :
- Plus de PQ dans les supermarchés ? Aucun stress, nous avions nos lingettes pipi (mon homme en a profité pour s'y mettre aussi) et une bouteille d'eau pour le reste... Nous avons utilisé 2 rouleaux en 3 mois.
- Plus de lessive dans le bidon ? Pas de souci, quelques copeaux de savon de Marseille et un peu d'eau chaude, et hop, je me suis fabriqué notre lessive maison en deux minutes
- Pas de stress à l'idée de finir le gel douche ou le shampoing, j'ai un petit stock de savons qui nous permet de voir venir pour... des années et des années !
- Les magasins de fringue sont fermés ? Pas de problème, je n'y allais déjà plus du tout, ça ne m'a donc absolument PAS manqué.
- Je n'ai pas passé une seule commande en ligne en trois mois. Nous étions déjà dans un mode de vie et de consommation assez minimaliste, mais le confinement nous a fait réaliser à quel point nous avions déjà tout ce qu'il nous faut. Je ne suis pas dépensière à la base, mais cela m'a permis de faire encore plus d'économies !
- Nous nous sommes tenus loin des médias pour préserver un peu notre santé mentale. Nous n'avons pas la télé, ce qui nous a permis d'apprécier pleinement les moments que nous avons passés ensemble (nous avons passé les trois mois confinés chez nous, en télétravail et chômage partiel). Nous avons profité du fait d'être ensemble le midi pour ressortir nos jeux de société, c'était top.
Et après ? Ce que le confinement nous a appris sur notre mode de vie et nos désirs
- Etant au chômage partiel, j'ai eu la chance d'avoir du temps pour moi. Pour lire. Pour méditer. Pour faire du yoga. Pour me mettre à l'aquarelle. Pour ne rien faire. Hasard du calendrier (?), mes migraines et céphalées chroniques se sont peu à peu apaisées pendant le confinement. Et ça... je ne peux pas vous dire à quel point ça m'a fait un bien FOU !!
- Nous vivons dans un petit appartement, et avoir un bout de jardin pour faire pousser nos légumes, avoir quelques poules... Tout cela nous a manqué. Sans tout plaquer du jour au lendemain, je pense que cela a fait bouger des choses dans notre réflexion, dans notre rapport à l'autonomie alimentaire, etc. C'est encore à l'état de gloubi boulga dans nos têtes, mais on sent bien qu'on a des envies d'autre chose, c'est là, ça nous travaille doucement mais surement...
- Nous avons la chance d'avoir tous les deux des métiers qui nous permettraient de faire du télétravail à plein temps. Qui dit télétravail dit moins de temps passé dans les transports. Moins d'essence dépensée dans nos voitures. Et on doit bien l'avouer, nous avons ADORÉ passer du temps ensemble. Là aussi, c'est encore en "gestation" dans nos têtes, mais il y a des choses qui se passent.
Bref, je ne sais pas ce qui nous attend dans les mois/années à venir, où tout cela va nous mener, je me bats souvent contre l'éco-anxiété, mais j'ai aussi conscience que nous sommes extrêmement privilégiés et parfois, j'ai juste envie de... d'être bien dans mes baskets et de continuer d'aborder la vie comme je me suis lancée dans le Zéro Déchet, avec curiosité et optimisme. Alors... On continue ?!